Politique intérieure
Les dernières élections législatives (chambre des députés et sénat) se sont tenues les 24 et 25 février 2013. Les résultats de ces élections ont été profondément influencés par un triple contexte de crise : socio-économique (récession de 2,3% en 2012 et taux de chômage de 36% chez les 18-35 ans), politique (perte de confiance et scandales financiers à répétition) et européenne (rejet des politiques de rigueur). Ces élections ont abouti à une absence de majorité au sénat alors que les deux chambres du parlement disposent strictement des mêmes pouvoirs, en matière de contrôle du gouvernement et de vote de la loi.
Comme le prévoit la constitution, le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, a dû procéder à la consultation des partis en vue de la désignation d’un président du conseil, susceptible de constituer un gouvernement qui pourrait obtenir la confiance dans les deux chambres. Cette tâche s’est avérée particulièrement ardue. Giorgio Napolitano a finalement chargé Pierluigi Bersani d’apporter la preuve qu’il disposerait d’une « majorité certaine » pour la formation d’un gouvernement autour du parti démocrate. Après deux journées de consultations et de discussions avec les partis, Pierluigi Bersani a dû se résoudre à un constat d’échec, faisant état d’« entraves » de la part du mouvement « 5 étoiles » et de « conditions inacceptables » de la part du parti berlusconien « peuple de la liberté ».
Face à ce blocage, le président Giorgio Napolitano, a chargé deux groupes de travail politico-techniques d’élaborer une « plateforme programmatique » dans les domaines institutionnel et socio-économique. Il leur a donné 8 à 10 jours pour remettre leur rapport. Cette solution inédite a eu pour conséquence de renvoyer la désignation du président du Conseil après l’élection du président de la République.
Après six tours de scrutin, l’élection présidentielle a abouti à la réélection de Giorgio Napolitano, à une large majorité. Cette réélection, inédite dans l’histoire de la République italienne, s’est révélée l’ultime solution après l’échec de Franco Marini, candidat de compromis entre le PD et le PDL et le rejet de Romano Prodi par une partie de son propre camp. Elle a ouvert la voie à la formation d’un gouvernement de grande coalition entre le parti démocrate, la droite de Silvio Berlusconi et les centristes. C’est Enrico Letta, numéro deux du parti démocrate, qui a alors été investi en tant que président du Conseil, constituant une coalition de « large entente » à la tête du gouvernement (alliant des hommes politiques de gauche, de droite, du centre et des techniciens).
Le 20 février 2014, après 10 mois à la présidence du Conseil, Enrico Letta a présenté sa démission. Sa décision est intervenue après avoir été mis en minorité par la direction du Parti démocrate, qui a voté à une écrasante majorité la motion présentée par Matteo Renzi, secrétaire national du PD nouvellement élu en décembre 2013 (136 voix pour, 16 voix contre), appelant à un changement urgent de gouvernement, afin d’ouvrir une nouvelle phase de réformes en Italie. L’aile « bersalo-dalemienne » du PD, qui avait jusqu’à présent soutenu Enrico Letta, a voté en faveur de cette motion.
Quelques jours plus tard, Matteo Renzi, jeune maire de Florence, est officiellement chargé de former le nouveau gouvernement par le président de la République, au terme de consultations avec les différents chefs de partis représentés au Parlement. Après une courte semaine de discussions avec ces mêmes chefs de partis, Matteo Renzi dévoile la composition de son gouvernement : une équipe largement dominée par le PD, relativement jeune et respectant la parité, avec plusieurs femmes à des portefeuilles stratégiques (F. Mogherini au affaires étrangères, ou R. Pinotti à la défense). En nommant par ailleurs Pier Carlo Padoan, ancien haut responsable du FMI et de l’OCDE, proche du PD (directeur du think tank de M. D’Alema ItalianiEuropei), il parvient aussi à rassurer les marchés et les partenaires extérieurs de l’Italie. La composition de ce gouvernement (16 ministres de plein exercice, 44 secrétaires d’Etat -nombre limite imposé par la constitution italienne- et 9 vice-ministres) reflète le sens politique de Matteo Renzi, par le respect des équilibres.
Il parvient ensuite à conforter ses positions, malgré les nombreuses incertitudes qui ont marqué le début de son mandat. L’ambitieux programme de réformes -c’est sur l’urgence, la radicalité des réformes et la nécessité de bousculer les traditions que Matteo Renzi avait choisi de faire porter son principal message au lendemain de son investiture- est maintenu à un rythme soutenu (réforme constitutionnelle, avec la réduction des pouvoirs du Sénat et des compétences des Provinces, loi électorale, code du travail, justice, école). Les réformes économiques sont, quant à elles, accueillies positivement par l’opinion publique, avec des mesures fédératrices telles que la limitation des salaires des dirigeants publics, la réduction de l’impôt sur le revenu des salaires inférieurs à 1500 euros ou encore l’accélération du remboursement des retards de paiement des administrations publiques (évalués à 90 Mds d’euros). Au niveau européen, et dans le cadre de la présidence italienne de l’Union européenne, la stratégie de Matteo Renzi se précise. Elle se fonde sur le respect des règles européennes et le maintien du sérieux budgétaire, en échange d’une flexibilité accrue pour les pays européens, soit dans la trajectoire de réduction de l’endettement public, soit en retirant du calcul du déficit et/ou de la dette les investissements productifs répondant à l’objectif assigné.
Dominant la scène politique, fort de son succès aux élections européennes de mai 2014, Matteo Renzi avance dans la mise en œuvre de son programme. Son optimisme et son volontarisme, qui trouvent un fort écho en Europe, créent aussi un climat favorable, que reflètent notamment les marchés financiers.
Situation économique
Troisième économie européenne, l’Italie dispose d’atouts importants : taux d’endettement privé faible, inexistence de bulle immobilière, gestion rigoureuse du déficit avec le seul excédent primaire de la zone euro. Son tissu industriel, dense et dynamique, composé d’un réseau de 4 millions de PME, peine, néanmoins, à s’adapter à l’intensification de la mondialisation (absence de gains de productivité, perte de compétitivité, rigidité du marché du travail, insuffisance de l’innovation et des dépenses de R&D). L’Italie connaît ainsi une croissance faible depuis une décennie.
L’Italie reste aujourd’hui vulnérable du fait de sa situation économique dégradée et d’un endettement public dont la dynamique peine à s’inverser. Après s’être contracté de 1,8% en 2013, et avoir très brièvement renoué avec une faible croissance (+0,1% au 4ème trimestre 2013), l’Italie est de nouveau, fin 2014, en récession et le poids de la dette continue d’augmenter (elle devrait atteindre 133% du PIB en 2015 selon les prévisions de la Commission européenne).
Sur le plan du commerce extérieur, avec un solde commercial bilatéral de -5,4 milliards d’euros en 2014, l’Italie représente notre 6ème plus fort déficit commercial. Notre balance commerciale bilatérale souffre d’un déséquilibre des échanges dans certains secteurs-clés comme les machines industrielles et le textile. Les relations commerciales franco-italiennes s’accompagnent de flux d’investissements structurellement déséquilibrés en faveur de la France (la France est le 1er investisseur en Italie, hors Luxembourg et Pays-Bas qui constituent des plateformes d’investissements étrangers).
Politique extérieure
Les priorités de politique étrangère italienne sont l’Union européenne, dimension indispensable pour sa modernisation et son rayonnement international, l’alliance atlantique et le lien particulier avec Washington, garant de sa sécurité, les Balkans et, la Méditerranée, zones privilégiées pour ses échanges économiques et culturels. L’Italie concentre ses moyens diplomatiques et militaires sur cet environnement régional.
Membre du Quint et du « groupe de contact », l’Italie est un partenaire fondamental de la France dans les Balkans qui constituent pour Rome une zone de coopération économique intense. L’Italie est ainsi le plus fervent promoteur de la perspective européenne des Balkans occidentaux. Cela vaut en particulier pour la Serbie et l’Albanie. Partageant une frontière avec la Slovénie, elle a accueilli avec satisfaction le règlement en 2009 du différend maritime croato-slovène ouvrant la voie à la poursuite du processus d’adhésion de la Croatie. L’Italie a fortement promu les mesures de libéralisation du régime de visas de l’UE en faveur de ces pays. Rome a reconnu le Kosovo le 21 février 2008.
Souhaitant accompagner les transitions démocratiques dans les pays du Sud de la Méditerranée, Rome a cherché à rebâtir une relation solide avec la Libye, la Tunisie et l’Egypte, en multipliant les contacts de haut niveau et en négociant de nouveaux accords de partenariat (sécurité, immigration, énergie, économie). Elle se montre aujourd’hui très préoccupée par la dérive sécuritaire en Libye, pays qu’elle considère comme prioritaire tant sur les plans sécuritaire qu’humanitaire. Rome est également très proche d’Israël tout en restant attentive aux intérêts des Palestiniens et aux développements du Processus de paix. Elle défend avec la France la liberté de religion et de conviction et le respect des droits des chrétiens d’orient.